coup d’autres. Ainsi les princes, dans des circonstances difficiles, et en parlant sur des affaires délicates, doivent bien prendre garde à ce qu’ils disent ; sur-tout de lâcher de ces mots extrêmement précis, qui sont comme autant de traits aigus, et qui semblent dévoiler leurs secrets sentimens : quant aux discours plus étendus, comme ils sont moins remarqués, ils ont moins d’effet et sont moins dangereux.
Enfin, les princes doivent avoir toujours auprès d’eux, à tout événement, un ou plusieurs personnages distìngués par leur courage ou leurs talens militaires, et d’une fidélité éprouvée, pour étouffer les séditions dès le commencement. Sans cette ressource une cour prend trop aisément l’épouvante, lorsque les troubles viennent à éclater ; et elle se trouve dans cette sorte de danger dont Tacite donne une si juste idée en disant : la disposition des esprits étoit telle que, peu d’entr’eux osant commettre le dernier attentat, un plus grand