il ne croyoit point du tout l’existence de la divinité, et ne parloit ainsi que pour s’accommoder au temps. Mais cette accusation nous paroît d’autant plus dénuée de fondement, que, dans ses entretiens particuliers sur ce sujet, son langage étoit quelquefois sublime et vraiment divin : ce qui est vraiment profane, disoit-il alors, ce n’est pas de nier les dieux du vulgaire, mais d’appliquer aux dieux les opinions de ce profane vulgaire : Platon lui-même auroit-il mieux parlé ? Et quoiqu’Épicure ait eu l’audace de nier la providence des dieux, il n’eut jamais celle de nier leur nature. Les sauvages de l’Amérique ont des noms particuliers pour désigner spécifiquement tous leurs dieux ; mais ils n’en ont point qui répondent à notre mot Dieu[1], C’est à peu près comme si les
- ↑ C’est peut-être qu’ils n’ont pas même l’idée que nous attachons à ce mot ; et que, n’ayant pas encore de monarque, ils n’en ont pas supposé un dans les cieux : ces pauvres misérables s’imagi-