culier est plus libre et plus sincère ; au lieu qu’en public, mille considérations obligent de taire une partie de sa pensée, et quelquefois le tout. Dans un entretien particulier, on se livre plus hardiment à son propre génie ; mais dans une assemblée, on cède davantage à celui des autres. Il faut donc employer ces deux moyens alternativement ; consulter dans le particulier ceux d’entre les conscillers qui ont le moins d’influence, afin de les mettre plus à leur aise ; et, en plein conseil, ceux qui ont le plus d’ascendant, afin de les contenir plus aisément dans les bornes du respect.
Il seroit très inutile à un prince de demander des conseils sur ses affaires, s’il n’en demandoit aussi sur les personnes qu’il emploie ou veut employer. Car les affaires sont comme des images inanimées ; et toute l’âme de l’action est dans le choix des personnes. Or, ces informations qu’il faut prendre sur les personnes, ce n’est pas pour en avoir simplement une idée générale, vague,