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férer quelquefois avec les livres, sur-tout avec ceux qu’ont écrit des hommes qui ont été eux-mêmes acteurs sur le théâtre du monde[1].
Aujourd’hui, et en beaucoup de lieux ; les conseils ne sont que des espèces de cercles et d’entretiens familiers où l’on discourt sur les affaires plutôt qu’on ne les discute : on s’y presse trop d’arriver
- ↑ Mais qui ne le sont plus ; car le spectateur voit mieux l’acteur que l’acteur ne le voit ; et celui qui regarde jouer voit mieux les coups que celui qui joue ; mais, pour bien juger les coups, il faut avoir joué, et pour être bun spectateur, il faut avoir été acteur. Ceux qui sont encore dans le tourbillon des affaires, regardent l’objet de plus près, et ils le regardent de si près qu’ils ne le voient pas. C’est sur-tout parce que cet objet qu’ils considèrent les regarde eux-mêmes, qu’ils le voient si mal ; leur rôle est d’être vus, et non de voir. Ils sont si occupés à faire des sottises, qu’ils n’ont pas le temps d’apprendre à les éviter, ou à les réparer ; en faisant beaucoup, ils croient toujours bien faire, et prennent la quantité pour la qualité. Cependant ; avant de courir, il seroit bon de savoir où l’on va.
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