sauvage et barbare. Plus elle est naturelle, plus les loix doivent prendre peine à l’extirper. Car, à la vérité, la première injure offense la loi, mais la vengeance semble la destituer tout-à-fait et se mettre à sa place. Au fond, en se vengeant, on n’est tout au plus que l’égal de son ennemi ; au lieu qu’on lui pardonnant, on se montre supérieur à lui : pardonner, faire grâce, c’est le rôle et la prérogative d’un prince. La vraie gloire de l’homme, a dit Salomon, c’est de mépriser les offenses. Le passé n’est plus, il est irrévocable, et c’est assez pour les sages que de penser au présent et à l’avenir. Ainsi, s’occuper trop du passé c’est perdre son temps et se tourmenter inutilement[1]. Personne ne fait une injure pour l’injure même, mais pour le
- ↑ Tout ce raisonnement n’est qu’un sophisme ; sans doute l’injure dont on veut se venger est passée ; mais ses conséquences probables ne le sont point, et c’est en vue de l’avenir qu’on s’occupe du passé. Tout homme sait qu’une première injure trop patiemment endurée en enfante mille autres ; et