ces deux alimens lui manque, elle se rassasie de l’autre. Tout homme qui désespère d’atteindre au degré de talent ou de vertu qu’il voit dans un autre, le déprimo tant qu’il peut pour le rabaisser, du moins en apparence, à son propre niveau.
Tout homme fort curieux, et qui aime trop à se mêler des affaires d’autrui, est ordinairement envieux ; car tous ces mouvemens qu’il se donne pour s’immiscer dans les affaires des autres, n’étant pour lui rien moins qu’un moyen nécessaire pour mieux faire les siennes, il est à croire qu’il trouve du plaisir à considérer si curieusement les affaires des autres, pour remarquer leurs fautes, saisir leurs ridicules, et se faire de ce spectacle une sorte de comédie[1] ; celui qui ne se mêle que de ses propres affaires
- ↑ Tout homme qui se mêle trop des affaires d’autrui fait mal les siennes, et finit par porter envie à ceux qui, ne se mêlant que de leurs propres affaires, les font mieux.