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[1]réalité, elle est d’une nature trop relevée, pour que sa véritable place soit dans un article tel que celui-ci ; car elle porteroit à croire que cette plante sent et cherche ce qui peut lui être utile, quoi-
- ↑ nomènes qui ne peuvent s’expliquer par les loix que nous connoissons. Ces faits se lient sans doute par quelques rapports à ces dernières loix ; mais nous ne connoissons pas ces rapports, Ainsi notre prétendue règle tend à nous confiner éternellement dans le cercle étroit où notre scientifique et bavarde ignorance nous a circonscrits. Cette règle est donc elle-même souverainement ridicule. Il faut donc, pour ne pas l’être soi-même, tenter quelquefois des expériences qui le paroissent. Ainsi, je voudrois, en rougissant, tenter celle-ci, non pour voir si les rameaux du concombre rempliroient en vingt-quatre heures tout l’intervalle compris entre lui et le pot, mais pour voir si le voisinage d’une grande quantité d’eau aurait quelque influence sur cette plante. Notre physique ne traite que des fluides qui tombent sous les sens, et la nature fait tout à l’aide de fluides qui leur échappent. Ces fluides, que l’œil du corps ne voit pas, la raison les voit dans leurs effets ; et pour les voir de plus près, il faut quelquefois s’éloigner des routes battues.
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