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sinon d’expression, au moins de port et de démarche, il a peine à se rabaisser, sans disgrâce, jusqu’à l’expression familière que l’écrivain doit prendre, comme l’oiseau prend le grain sur l’aire, pour l’élever, en l’emportant ! Cette recherche de la naïveté le fait parfois ressembler à l’élégiaque M. Guiraud dont le Savoyard disait :

Un petit sou me rend la vie !

L’auteur des Idylles héroïques, en nous parlant souvent dans ses pages les plus champêtres du bon pain blanc, du bon grain, du cher petit ange, etc., etc., se place dans le ton de ce fameux « petit sou. » II est plus à l’aise dans la peinture, mais il peint épais quand il pense à être coloriste. Il ressemble à M. Victor Hugo comme un enlumineur à un peintre. Preuve, cette pièce de L’Enfant dans les blés que sa longueur nous empêche de pouvoir citer toute :

Vois briller sa grosse joue !

Grosse joue est bien gros ! Comme il joue !

De foin le voilà couvert !

On croirait voir, quand il bouge

Son front rouge,

Un pavot dans le blé vert. Son jeune chien, fou de joie,

Court, aboie,

Lèche ses mains, son cou blanc ;

Dans l’herbe qu’ils éparpillent,

Ils sautillent

Et roulent flanc contre flanc.

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