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V

A côté de ces vers, qui ne sont que charmants, ce que je veux citer est d’une inspiration plus âpre et plus fière… C’est le Lac bleu, cette description si bonne à citer dans un temps de description puérilement microscopique et acharnée. Belle leçon pour les Parnassiens, et où les Lakistes trouvent aussi leur compte ! La pièce est d’un souffle immense, et je serai obligé de l’abréger, tout en regrettant ce que j’en ôte.

Le poète est monté au sommet d’une montagne. C’est là que lui apparaît

… au moment où, morne, à notre approche,

La terre par en-haut finit,

Une goutte de ciel, un beau lac d’une lieue,

Lapis étincelant, comme une agrafe bleue

Dans sa monture de granit.

Et c’est alors qu’il se répand en vers superbes, coupe de pensées cerclées aussi dans la langue, l’image, le rythme et la rime :

Ce tableau fut pour moi d’une telle puissance,

Terrible et glacial, ainsi qu’une innocence,

Qu’un frisson de vertu me prit.

La pureté saisit de sa glace rapide

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