< Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu
Cette page n’a pas encore été corrigée

Baisser l’œil et rougir du renom paternel !
Non, le gain les excite et l’argent les enfièvre,
L’argent leur clôt les yeux et leur salit la lèvre,
L’argent, l’argent fatal, dernier dieu des humains,
Les prend par les cheveux, les secoue à deux mains,
Les pousse dans le mal, et pour un vil salaire
Leur mettrait les deux pieds sur le corps de leur père.
Honte à eux ! Car trop loin de l’atteinte des lois,
L’honnête homme peut seul les flétrir de sa voix !
Honte à eux ! Car leur main jamais ne s’est lassée
A couvrir de laideur l’immortelle pensée !
De l’art, de l’art divin, ce bel enfant des cieux,
Créé pour enseigner la parole des dieux,
Ils ont fait sur la terre un affreux cul-de-jatte,
Tronçon d’homme manqué, marchant à quatre pattes,
Et montrant aux passants des moignons tout sanglants,
Et l’ulcère honteux qui lui ronge les flancs !


Marse 1831.

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.