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Ici, jadis, du temps des Celtes, la déesse Rosmertha sur la pointe de Sion faisait face au dieu Wotan, honoré sur l’autre pointe à Vaudémont. C’était deux parèdres, deux divinités jumelles. Wotan étayait Rosmertha, et l’un et l’autre protégeaient la plaine. La déesse à la figure jeune, aux cheveux courts, au sein nu, s’est évanouie ; elle fut chassée par la Vierge qui allaite l’Enfant-Dieu, cependant que les seigneurs de Vaudémont bâtissaient leur maison forte sur l’ancien sanctuaire de Wotan. Mais Notre-Dame de Sion et les comtes de Vaudémont restèrent, l’un envers l’autre, dans les mêmes rapports ou avait vécu le couple primitif des deux parèdres celtiques. Ceux-ci s’étaient entr’aidés pour protéger le vieux peuple des Leukes, et les comtes de Vaudémont, proclamant Notre-Dame de Sion souveraine du comté, mirent leur couronne sur la tête de l’image vénérée. De telle sorte qu’à travers les siècles la pensée de la montagne s’est déroulée et s’est amplifiée sans que la tradition fût rompue.

Aujourd’hui, de Vaudémont rien ne subsiste qu’un haut mur sous d’antiques frênes, où l’on a vu, pèlerine inconnue, passer l’impératrice Élisabeth, et dans Sion, la vierge noire, l’image antique associée au

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