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M. JEAN LORRAIN


M. Jean Lorrain s’est fait une place originale dans la littérature de ce temps. Poète et conteur, ses vers et sa prose ont un accent personnel ; il a débuté par des histoires d’une sensualité raffinée et bizarre ; et, pour se reposer de ces fictions, il a publié dans les gazettes des chroniques parisiennes d’un tour piquant, qu’il a signées du pseudonyme de Raistif de la Bretonne. Ainsi l’âme de M. Jean Lorrain se plaît à vagabonder entre les extrêmes. Elle est très vieille et très jeune, contemporaine des sorcières de Macbeth et de la Loïe Fuller. Peu d’écrivains ont eu, à ce degré, le don d’évoquer le passé légendaire. Il a composé des lieds qui semblent empruntés aux livres de chevalerie et qui sont d’une pureté de ligne et d’une fraîcheur de coloris surprenantes :

Le petit page aux yeux distraits,
Qu’on dit d’origine bulgare,
Est parti conduire en forêts
Les danois du comte Hialmare.

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