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— Qui vous l’a dit ?

— Brown.

— Brown est une vieille commère.

— Je ne dis pas non ; mais alors, si le commérage du susdit est dénué de tout fondement, si Mlle Zoraïde ne vous inspirait aucun intérêt, pourquoi, ô jeune pédagogue, avez-vous renoncé à votre position par cela seul qu’elle devenait Mme Pelet ?

— Parce que… (je me sentis rougir) parce que… Bref, monsieur Hunsden, pas de questions, je ne veux plus y répondre ; » et j’enfonçai mes deux mains jusqu’au fond de mes poches de pantalon.

Hunsden triomphait ; sa victoire éclatait dans ses yeux et sur ses lèvres.

« Que diable avez-vous à rire ? lui demandai-je impatienté.

— Je ris de votre calme exemplaire ; mais soyez tranquille, pauvre garçon, je ne veux pas vous tourmenter. La chose est facile à comprendre : Zoraïde a fait la coquette avec vous et s’est mariée ensuite avec un homme plus riche, ainsi que l’aurait fait à sa place toute femme sensée qui en aurait eu la chance. »

Je ne répondis pas à cette insinuation ; il me répugnait de la détruire, soit en disant la vérité, soit en forgeant quelque mensonge ; mais il n’était pas facile d’en imposer à Hunsden : au lieu de le confirmer dans la pensée qu’il avait deviné juste, mon silence au contraire le faisait douter de son opinion.

« Je suppose, continua-t -il, que tout cela s’est passé comme il arrive en pareil cas entre gens raisonnables : vous avez offert votre jeunesse et votre mérite en échange de sa position et de sa fortune ; je ne pense pas que vous ayez fait entrer l’amour en ligne de compte : car, si j’ai bien compris ce que m’a dit Brown, elle est plus âgée que vous, et moins belle que sensée. N’ayant

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