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l’Europe est à la fois âryenne et chrétienne, c’est-à-dire panthéiste par son origine et par ses dispositions naturelles, mais habituée par une influence venue des Sémites à admettre le dogme de la création.

Les Arabes et les Juifs forment dans l’humanité une section dont la race, pure ou mélangée, n’a emprunté aux peuples étrangers que la partie extérieure de ses religions ; le monothéisme le plus exclusif est le fond de leurs croyances. Dieu, pour eux, n’est pas seulement unique ; il est un individu totalement séparé du monde et dont l’unité personnelle est absolument indivisible, même en idée. C’est la seule race humaine qui ait conçu Dieu avec de tels caractères.

Lorsque l’idée monothéiste est sortie de la race sémitique pour se répandre dans le monde âryen, chez les Grecs, les Latins et plus tard parmi les peuples du Nord, elle a perdu entre leurs mains sa rigueur extrême et son inflexibilité. Quand les docteurs chrétiens, quand les Pères grecs et latins ont développé et constitué la métaphysique chrétienne, ils ont parfaitement compris que la production du monde et son gouvernement ne sont intelligibles que si l’on fait de Dieu un être plus voisin du monde et par conséquent plus conforme à l’idée qu’en avaient toujours eue les hommes de race âryenne. Il est donc vrai de dire, que le christianisme tient quelque chose du judaïsme et quelque chose aussi des autres religions. La métaphysique chrétienne est née de la rencontre et du mélange des deux grands courants religieux qui portent l’humanité, le courant sémitique et le courant âryen.

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