voyons se produire dans notre milieu la philosophie, c’est-à-dire l’analyse scientifique, sans mythes et sans symboles, de l’idée de Dieu.
Ainsi les doctrines se conservent à travers les siècles et les croyances les plus arriérées persistent chez les peuples les plus avancés. Mais à côté de ce phénomène de conservation, il s’en produit un autre tout opposé. Nous voyons en effet que, sauf quelques conceptions dogmatiques et quelques usages transmis par la tradition, des religions entières ont disparu tour à tour : en Asie, les puissantes religions sémitiques de Ninive, de Babylone, des Phéniciens, des Hébreux ; en Afrique, celle de l’Égypte, en Europe les mythologies des Grecs, des Romains, des Celtes, des Germains et des Slaves. Nous ne citons que les principales. Nous y comprenons celles des Hébreux, quoiqu’il y ait encore sur la terre sept millions de Juifs, parce que ce peuple est dispersé et que depuis la captivité de Babylone sa doctrine a subi de profondes altérations. Quant à l’animisme chinois, il a perdu la plupart de ses adhérents, qui ont passé au bouddhisme ou à la secte de Confucius.
Une loi générale préside à ces disparitions. Le progrès est en effet le moyen mouvement de l’idée dans l’humanité. Nous disons moyen, parce que ce mouvement n’est pas simultané dans l’ensemble des peuples, ni uniforme chez chacun d’eux. Quand un homme ou un groupe d’hommes supérieurs a fait avancer l’analyse et pénétré plus avant dans l’idée de Dieu, celle-ci s’épure et se sépare de quelqu’un des éléments grossiers qui la troublaient. Chaque doctrine est un progrès par rapport à celles qui sont au dessous d’elles. Celui qui au milieu d’un peuple fétichiste conçut la doctrine des esprits, fit faire un pas à l’idée de Dieu ; car il spiritualisait en quelque chose les causes des phénomènes, conçues jusque là sous la forme la plus matérielle.