comme dans l’Inde, les éléments séparés et subordonnés, mais qu’elle agit de même de peuple à peuple. Il y a eu, en Orient, deux systèmes orthodoxes très-voisins l’un de l’autre et liés par une commune origine, qui pourtant ont poussé l’antagonisme de deux peuples frères jusqu’à la guerre : ce sont ceux de l’Inde et de la Perse. Y a-t-il deux orthodoxies moins divergentes que celles des Latins et des Grecs ? Cependant les croisades les ont montrées s’animant l’une contre l’autre jusqu’à la fureur ; et aujourd’hui que ces temps de délire sont loin de nous, nous venons de voir repousser par des raisons sacerdotales une convocation adressée par le pape des Latins à des évêques d’Orient, qui acceptent de rester sujets des musulmans[1]. Les histoires sont remplies de pareils exemples ; c’est une suite de luttes entre des orthodoxies se défendant les unes contre les autres et entraînant les nations sous leurs drapeaux.
Quand une orthodoxie s’est constituée au sein d’une société, sa condition inévitable est une double lutte, lutte intérieure contre les forces sociales qui peuvent lui opposer quelque obstacle, lutte extérieure contre les orthodoxies étrangères. Il y a des peuples chez qui l’orthodoxie ne tend pas à manifester son action au dehors, parce que ce sont de grandes sociétés fortement établies, qui n’ont guère besoin, pour vivre et pour grandir, des ressources que d’autres vont chercher à l’étranger : ainsi fut l’Inde.
Lorsque des conditions sociales toutes différentes font naître dans une orthodoxie l’esprit de prosélytisme, non seulement elle devient agressive à l’intérieur, mais encore elle veut montrer chez les autres peuples la force
- ↑ Voyez les réponses faites par les patriarches d'Alexandrie et de Constantinople à l`invitation d`assister au concile de Rome, que le Pape leur avait adressée. Les raisons de refuser émises par ces prélats sont toutes tirées de leur orthodoxie.