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RINCONÈTE ET CORTADILLO


Un jour des plus chauds de l’été, se rencontrèrent par hasard à l’hôtellerie du Molinillo, qui est au bout de la fameuse plaine d’Alcudia, quand nous allons de la Castille à L’Andalousie, deux jeunes garçons de quatorze à quinze ans. Ni l’un ni l’autre n’en avait plus de dix-sept ; tous deux de bonne mine, mais décousus, déchirés, en guenilles. De manteaux, ils n’en avaient pas ; leurs culottes étaient en toile et leurs bas en chair. Il est vrai que les écoliers relevaient leur toilette, car ceux de l’un étaient des sandales de corde[1] aussi usées que trainées, et ceux de l’autre sans semelles, de manière qu’ils lui servaient plutôt d’entraves que de souliers. L’un avait sur sa tête une montera[2] verte de chasseur ; l’autre, un chapeau sans ganse, bas de forme et large d’ailes.

  1. Appelées alpargates
  2. Espèce de casquette sans visière
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