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tage dans ce que les frères majeurs apporteraient à

la masse, comme eux-mêmes ; et, finalement, en plusieurs autres choses que les nouveaux venus tinrent à faveur signalée, et dont les autres leur firent compliment dans les termes les plus polis. Sur ces entrefaites, entre en courant un jeune garçon, tout essoufflé, tout haletant. « L’alguazil des vagabonds, dit-il, vient en droiture à cette maison ; mais il n’amène pas de gurullade[1] avec lui. — Que personne ne s’effraie, s’écria Monipodio ; c’est un ami, et jamais il ne vient pour nous nuire. Remettez-vous, je vais aller lui parler. » Tous se remirent, en effet, car ils s’étaient un peu alarmés, et Monipodio, sortant sur le seuil de la porte, y trouva l’alguazil, avec lequel il resta quelques moments à causer. Bientôt Monipodio revint. « Qui était de garde aujourd’hui, demanda-t-il, à la place San-Salvador ? — Moi, répondit l’introducteur. — Eh bien ! reprit Monipodio, comment n’avez- vous pas signalé une bourse d’ambre qui, ce matin, dans cet endroit, a fait naufrage avec quinze écus d’or, deux doubles réaux, et je ne sais combien de maravédis ? — Il est vrai, reprit le guide, qu’aujourd’hui cette bourse a disparu ; mais ce n’est pas moi qui l’ai prise, et je ne puis imaginer qui a pu la prendre. — Pas de chansons avec moi, répliqua Monipodio ; la bourse doit se trouver, puisque l’alguazil la demande et que c’est un ami, qui nous rend chaque année mille petits services. » Le portefaix jura de nouveau qu’il ne savait pas ce qu’elle était devenue. Mais Moni

  1. Quadrille de recors ou de soldats de la maréchaussée.
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