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Ce n’est pas que le sort m’ait fait des tours sanglants.

          Ni parce que pâle est ma joue,

que quand je pense a toi vallon de mon printemps Je pousse des soupirs quelquefois je l’avoue ! J’ai, ne l’ignore pas, de sagesse un grand fond, Bien plus que quand alors j’y flanais vagabond,

          Mais c’est qu’aussi dans ma sagesse
          Il est un levain de tristesse !
          Le vieux temps ! ô le bon vieux temps !

J’ai vécu pour avoir de bien joyeux moments,

          Et pour avoir ma part de peines,

Pour voir que l’amitié, que ses transports charmants Sont parfois trop sucrés ; — que les amours sont vaines ; Triste, de la gaité pour singer les ébats, Pour me lasser d’errer en de lointains climats,

          Pour aimer mon île natale,
          Et penser que rien ne l’égale :
          Le viens temps ! ô le bon vieux temps !

Et certes le pays n’offre de changements,

          Les gais oiseaux chantent de même,

Les fleurs ouvrent toujours leurs calices charmants, Le soleil éblouit la colline qu’il aime : L’arbre qui m’ombrageait il y a bien longtemps Il m’ombrage toujours comme au premier printemps ;

          Mais de l’enfance mon poème
          N’est plus ; et ne suis plus le même !
          Le vieux temps ! ô le bon vieux temps !

Oh ! bon vieux temps reviens ! oh ! reviens bon vieux temps !

          Si plein de soleil, de jeunesse,

Et que j’entende encor ces cardions charmants Qui de Pasque à mon cœur annonçait la liesse, Mais en vain verserais tous les pleurs de mes yeux. En vain je pousserais des soupirs jusqu’au cieux.

          Il ne reviendra plus je pense
          Le bien aimé de mon enfance,
          Le vieux temps ! ô le bon vieux temps !
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