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Sans langue, cependant, tu sais fort bien parler,
Et ta voix fait écho de rivage en rivage ;
Tu n’as pas d’existence, et peux inoculer
  Nouvelle vie à tout ton entourage.

Arène pacifique où luttent en champs clos
Les nombreux courtisans de Dame Renommée,
Du plus humble soldat tu peux faire un Héros,
  Du plus vantard un ignoble Pygmée !

Adonc prends en dépôt ces vers de ma façon,
Qui pourront exciter un sourire éphémère,
Puis après dépéris – nous laissant pour leçon
  Que tout s’égrène et retourne en poussière.

――――


HOOD (THOMAS).*


Je me Rappelle..


  Je me rappelle – oh ! oui je me rappelle
  La maison où je vis le jour,
La petite fenêtre où dardait l’étincelle
Du soleil, m’annonçant la vie et son retour.
Il ne venait alors jamais un brin trop vite,
Le jour qu’il me faisait avait trop vite cours,
Mais maintenant je fais ce souhait illicite :
  Puisse ma nuit durer toujours !

  Je me rappelle – oh ! oui je me rappelle
  Les roses aux douces odeurs,
La violette aussi, la verte citronnelle,
Et ces superbes lis aux magnifiques fleurs !
L’endroit où mon bon frère au jour de sa naissance
Planta le gland d’un chêne, arbre aujourd’hui pourtant !
Les lilas où l’oiseau s’abritait en silence
  Contre un soleil trop éclatant.

  Je me rappelle – oh ! oui je me rappelle
  Et l’escarpolette et ses jeux,
Et je pensais alors que la vive hirondelle
Comme moi humait l’air frais et délicieux :

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