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PROMENADE EN HOLLANDE.

de la pudeur et de la résignation, qu’on prêche

toujours aux femmes :

« Que diraient les puritaines de Rotterdam et les jeunes filles jalouses de vous, si elles vous voyaient si ardentes à accomplir votre mariage, et que diraient mes compétiteurs d’affaires et de fortune, si je négligeais d’assurer sur vos têtes l’héritage des mères de vos maris ? Ils me traiteraient de vieux fou. »

Marguerite et Rosée continuaient à protester et à gémir.

« Êtes-vous donc si malheureuses auprès de moi, que vous redoutiez tellement d’y passer sans eux encore un an ? » reprit un peu rudement Van Hopper. Tenez, ne pleurez plus, car vous ne savez pas l’effet que cela me fait ; j’irais volontiers les jeter tous les deux dans le canal. D’ailleurs votre douleur est peut-être en pure perte : il n’est pas certain qu’ils partiront.

— Oh ! je vois bien qu’ils en ont le désir, répliqua Marguerite, et un désir bien grand, car il est plus fort que leur amour.

— S’il en est ainsi, qu’y pouvez-vous, chères filles ? reprit Van Hopper ; le désir de l’homme est impérieux et ne cède point aux larmes de la femme : comme vous les avez vus résister à leurs mères pour vous aimer, vous les verrez vous résister et partir, si tel est le désir nouveau qui s’est emparé de leur cœur.

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