< Page:Coubertin - Mémoires olympiques, 1931.djvu
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
mémoires olympiques

Cela me créait une situation solitaire malaisée à affronter. Si j’avais été un multi-millionnaire, il y aurait eu moyen de s’en tirer, mais les modestes ressources de ma bourse de jeune homme, qui avaient suffi jusque-là à aider les associations sportives scolaires en formation dans les lycées français, à circuler pour organiser ici ou là des manifestations désirables, comment leur demander un pareil effort international ? Et sans cela, avec quoi le soutenir ?

Une autre source d’incompréhension existait, chez les sportifs, celle-là : l’incapacité à collaborer d’un sport à l’autre. La génération actuelle n’arrivera jamais à réaliser l’état des choses d’alors. C’est qu’à y réfléchir, en effet, l’antinomie des sports entre eux est peu explicable puisqu’ils reposent tous sur le même soubassement de joie musculaire et de développement corporel préalable. Leur piédestal psycho-physiologique est identique. Mais voilà. Les sportifs du XIXe siècle étaient profondément convaincus que la technique d’un sport, étant contraire à celle d’un autre, ils se nuisaient pratiquement entre eux. L’escrimeur se détériorera à faire de la boxe. Le rameur doit se méfier de la barre fixe. Quant au cavalier de ce temps, l’idée de courir à pied ou de jouer au football lui eût donné la nausée. Il n’y avait que le tennis, alors à son aurore, et la natation qui ne suscitassent point de méfiance : le premier de ces exercices n’était encore qu’un passe-temps élégant, et le second une accoutumance utilitaire recommandée par l’hygiène générale et la sécurité en cas d’accident ou de sauvetage obligatoire.

Les représentants des différents sports ne

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.