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ensemença le sillon et y vit mûrir la moisson. Mais bientôt du fond des forêts incultes apparurent les hommes fauves que la faim faisait sortir du bois. L’isolement les avait maintenus à l’état de brutes ; le jeûne, sous le fouet duquel ils s’étaient rassemblés, les rendait féroces. Comme une bande de loups furieux, ils passèrent au milieu de ce champ, massacrant les hommes, violant, égorgeant les femmes, détruisant la récolte et chassant devant eux le troupeau. Plus loin, ils s’emparèrent du champ, s’établirent dans l’habitation, et laissèrent la vie sauve à la moitie de leurs victimes dont ils firent un troupeau d’esclaves. L’homme fut attelé à la charrue ; la femme eut sa place avec les poules ou à la porcherie, destinée aux soins de la marmite ou à l’obscène appétit du maître.

Ce vol à main armée par des violateurs et des meurtriers, ce vol fut le noyau de la propriété.

Au bruit de ces brigandages, les producteurs qui n’étaient pas encore conquis se massèrent dans la cité, afin de se mieux protéger contre les envahisseurs. À l’exemple des conquérants dont ils redoutaient l’approche, ils nommèrent un chef ou des chefs chargés d’organiser le force publique et de veiller à la sureté des citoyens. De même que les hordes dévastatrices avaient établi des conventions qui réglaient la

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