< Page:Dickens - Bleak-House, tome 2.djvu
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tasse, brave homme, et voyez si de l’autre main vous pouvez recevoir une demi-couronne ; à merveille ! et maintenant, postillon, au grand galop, s’il vous plaît. »

Nous fûmes bientôt à Saint-Alban, où nous descendîmes. Après avoir donné l’ordre de préparer les chevaux, mon compagnon m’offrit son bras, et nous nous dirigeâmes vers Bleak-House.

« Je voudrais savoir, me dit M. Bucket, si, par hasard, elle n’est pas venue vous demander, ce qui serait possible, car elle doit ignorer que vous vous trouvez à Londres, ainsi que M. Jarndyce ; vous rappelez-vous qu’un soir vous remontiez cette colline avec votre petite bonne et le pauvre Jo, qu’ils appelaient Dur-à-cuire ?

— Comment savez-vous cela ?

— Vous avez rencontré là-bas un homme que vous avez laissé sur la route.

— Je me le rappelle fort bien.

— C’était moi ; je surveillais précisément ce pauvre garçon, et je revenais de la tuilerie quand je le vis avec vous.

— Avait-il commis quelque délit ?

— Aucun, répondit M. Bucket en ôtant froidement son chapeau ; c’était tout simplement au sujet de lady Dedlock ; il avait jasé plus qu’il ne fallait d’un petit service pour lequel feu M. Tulkinghorn lui avait donné quelque argent, et il était impossible de tolérer pareille chose ; on lui avait enjoint de quitter Londres, et je venais lui dire non-seulement de ne jamais y rentrer, mais encore de ne pas même en approcher.

— Pauvre garçon !

— Pauvre, en effet ; toutes les misères à la fois, répondit M. Bucket ; mais le voir entrer chez vous, c’était trop fort, et je me trouvais collé.

— Pourquoi cela ?

— Parce que chez vous il aurait jasé plus qu’ailleurs, et qu’il avait naturellement la langue un peu trop longue. »

Bien que je me rappelle aujourd’hui cette conversation, j’avais alors la tête si bouleversée, que je l’entendais à peine ; je comprenais seulement que M. Bucket parlait ainsi pour tâcher de me distraire, et que, tout en causant, il n’en poursuivait pas moins ses recherches avec la plus sérieuse attention.

« Il y a du feu de bon matin dans la cuisine de Bleak-House, dit-il, cela fait l’éloge des serviteurs. » Et comme nous nous trouvions en face de la maison, il leva les yeux vers les fenêtres du premier étage, et me demanda, en regardant celles de

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.