< Page:Dickens - Bleak-House, tome premier.pdf
Cette page a été validée par deux contributeurs.

attend qu’on vienne le remettre à flot et qu’on lui fournisse l’occasion de déployer à grandes voiles son onctueuse éloquence.

« Mesdames, s’écrie enfin M. Guppy, ou il faut que ce jeune vagabond ne veuille pas démordre d’un récit de pure invention ; ou, s’il est véridique, il se trouve dans cette affaire quelque chose qui dépasse tout ce que j’ai rencontré chez Kenge et Carboy.

— Vraiment ! répond mistress Snagsby à mistress Chadband qui lui parle tout bas.

— Depuis des années, ajoute mistress Chadband.

— Monsieur Guppy, s’écrie d’une voix triomphante la petite femme du papetier, mistress Chadband, l’épouse de ce gentleman, connaît depuis des années l’étude de MM. Kenge et Carboy.

— En vérité ! répond ce jeune homme.

— C’était avant mon mariage avec M. Chadband, mon second mari.

— Aviez-vous quelque procès, madame ? demande M. Guppy transférant son interrogatoire à la femme du révérend.

— Non, monsieur.

— Pas le moindre intérêt dans un fait en litige, madame ? »

Mistress Chadband fait un signe négatif.

« Peut-être alors connaissiez-vous quelque partie dans une affaire quelconque ? poursuit M. Guppy.

— Non, pas précisément, répond mistress Chadband grimaçant un sourire.

— Pas précisément, répète M. Guppy. Très-bien. N’était-ce pas une dame de votre connaissance qui avait à cette époque une affaire quelconque (nous verrons plus tard de quelle sorte) en l’étude de Kenge et Carboy ? ne vous pressez pas, madame ; prenez le temps de répondre ; était-ce un homme ou une femme ?

— Ni l’un ni l’autre, réplique Mme Chadband.

— Alors c’est un enfant ! s’écrie M. Guppy en lançant à Mme Snagsby, remplie d’admiration, le coup d’œil professionnel et significatif que le jury d’Angleterre reçoit en pareil cas. Maintenant, madame, aurez-vous la bonté de nous dire quel était cet enfant ?

— Vous y êtes enfin ! répond Mme Chadband avec un nouveau sourire ; eh bien, monsieur, il est probable, à en juger d’après votre âge, que c’était avant que vous fussiez à l’étude ; j’étais alors chargée d’une enfant qu’on appelait Esther Summerson et qui fut placée par l’entremise de MM. Kenge et Carboy.

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.