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En trouble, se tourna vers celle qui derrière
Plongeait dans son regard un regard curieux.
Rougissante de honte, elle baissa les yeux.
« Je m'en doutais déjà, dit Samhisis ; tu l'aimes !
Et c'est assez longtemps vous cacher de vous-mêmes.
Tout à l'heure il viendra, comme il fait chaque jour,
Et je prétends sur toi détourner son amour.
– Tu te trompes, ma sœur, dit Souré-Ha, confuse ;
Et je ne sais quel dieu t'a conseillé ta ruse.
– Tu l'aimes, j'en suis sûre ; et s'il vient aujourd'hui,
Il saura quel bonheur était là, près de lui.
– C'est toi seule qu'il aime, et que seule il appelle ;
Et quand donc à ses vœux te montras-tu rebelle ?
A quoi bon ces discours, ma sœur ? Toi-même, hier,
Ne me parlais-tu pas de son port libre et fier ?
N'as-tu pas, l'autre jour, ôté pour lui ton voile ?
Depuis qu'il t'aperçut, comme une blanche étoile,
Par un beau soir, portant l'amphore au puits sacré,
N'as-tu pas vu grandir l'amour qu'il t'a juré ?
D'où vient que sans raison ta bouche le renie ?
– Je m'amusais de lui, voilà tout. L'insomnie
N'a pas à mon chevet cloué son souvenir
Comme au tien. Tu pâlis quand tu l'entends venir.
J'y songe à peine ; toi, tu pleures dans l'attente.
– Je te dis que c'est toi qu'il aime ! Et sous sa tente
C'est pour toi qu'à genoux il invoque Rhéa.
Ce n'est pas pour aimer, moi, qu'Ammon me créa.
– Si tu ne l'aimes pas, alors pourquoi ton trouble ?

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