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D'être reine et de voir les peuples assemblés
Se courber sous mon souffle ainsi qu'un champ de blés ! »


III

Le fils d'Aménophis, Rhamsès, que Phré protège,
Las d'encens, a chassé loin de lui son cortège,
Et, sombre, vient s'asseoir sur des gradins portés
Par des captifs d'argent, de bronze et d'or sculptés.
Son oeil terne s'emplit d'indicibles détresses ;
Sa barbe est inflexible et pend en larges tresses.
Comme dans le granit ses traits semblent pétris.
Impassible, il est là, plus calme qu'Osiris.
Il songe et l'on dirait, à ses lèvres si pâles,
Typhon, le dieu commis aux vengeances fatales.
Quelque puissant qu'il soit, il a des jours mauvais
Qui par tous ses vouloirs assouvis lui sont faits.
Il est frère des dieux, maître des rois esclaves ;
Son char lourd fait couler du sang par chaudes laves ;
Mais il arrive une heure où les coupes en vain
Lui versent les cruels projets avec le vin.
Dans le néant il voit déjà fondre sa gloire ;
L'abîme est sans échos, sans éclairs sa mémoire.
Il ne peut sans répit faire la guerre. Il a,
Sur les plans colossaux que l'orgueil assembla,

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