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nipotentaires du congrès de Rastadt, la séance s’ouvrit par quelques dénonciations de Marat ; puis Cambacérès, au nom des comités de défense et de sûreté générale, vint donner communication des pièces qui prouvaient la culpabilité de Dumouriez. Boyer-Fonfrède, Robespierre, Bréard, prirent la parole ; Danton se leva et demanda qu’une commission fût nommée pour rechercher les complices du général. La Gironde vit-elle une attaque directe dans cette motion ? On pourrait le croire, car Lasource fit un discours à la fois ambigu et véhément, dans lequel il accusait Danton et faisait comprendre que celui-ci n’était resté étranger à aucune des manœuvres coupables de Dumouriez. Un tumulte inexprimable suivit cette étrange dénonciation ; Danton répondit quelques, paroles ; les cris : « À la tribune ! » le forcèrent d’y retourner ; le président se couvrit, la séance fut suspendue ; l’assemblée, consultée si elle voulait maintenir la parole à Danton, répondit oui à une grande majorité.

Il reprit alors avec une énergie sans égale ; à ceux qui, comme Grangeneuve, voulaient l’interrompre, on criait : « À l’Abbaye ! » Danton avait brisé toute barrière ; sa nature, sa vraie nature, violente, emportée, généreuse, apparaît sans mystère ; il renonce à tous les atermoiements ; son habileté s’efface dans une fureur qu’il ne cherche même pas à déguiser. À ses adversaires il dit : « Vous en avez menti ! » aux Girondins : « Vous êtes des scélérats ! » Pendant ce temps, Marat trépigne de joie dans son coin, sa voix de batracien coasse des délations… « Et les petits soupers du côté droit !… et Lasource… et Gensonné !… ah ! je dénoncerai tous les traîtres !… » À travers les interruptions, les applaudissements, les cris, Danton continuait, et il jette enfin la déclaration de guerre qui devait faire couler tant de sang : « Je vois qu’il n’est plus de trêve entre la Montagne, entre les patriotes qui ont voulu la mort du tyran

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