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les traditions de son origine, car il est consacré au traitement des enfants malades. La Couche de Notre-Dame subsistait toujours, on voulut l’agrandir. En 1672 et en 1688, on loua d’abord, on acheta ensuite trois petites maisons qui appartenaient à l’Hôtel-Dieu ; on les répara, on les modifia, et l’on en fit le lieu de dépôt, l’hospice des Enfants-Trouvés, qui y restaient provisoirement jusqu’à ce qu’ils fussent en état d’être transportés aux Orphelins du faubourg Saint-Antoine.

Il faut croire que lorsque l’institution fut mieux connue du peuple de Paris et des villes voisines, on en profita largement, car, le 3 mai 1720, le régent accordait à l’hôpital des Enfants-Trouvés une loterie « à vingt sols le billet, avec bénéfice de 15 p. 100, pour aider à soutenir cet hôpital, pour l’entretien de ces enfants, dont le nombre augmente tous les jours[1] » Cette mesure n’eut rien de transitoire. Lorsque Clugny, le médiocre successeur de Turgot, institua la loterie royale de France par arrêt du Conseil en date du 30 juin 1776, il y réunit la loterie des Enfants-Trouvés[2]. Tous les gouvernements qui se sont succédé en France depuis la création de l’œuvre ont tenu à honneur de la soutenir

  1. Journal de Buvat, II, p. 240 ; je lis, en outre, dans le Journal de Barbier, mars 1754, II, p. 453 :

    On a mis ces jours-ci à la morgue du Châlelet quinze ou seize petits enfants morts, dont il y en avait un âgé de trois ans ; tous les autres plus jeunes ou nouveau-nés. Ce spectacle nouveau a attiré un grand concours de monde et a effrayé tout le peuple. On attribuait quasi cela au départ des soldats aux gardes : mais comment aurait-on torturé tous ces enfants ensemble et dans le même moment, d’autant qu’a présent la facilité est grande pour ceux qui seraient hors d’état d’élever leurs enfants ? Il n’est plus besoin de les exposer dans une allée, comme on faisait autrefois, et ce qui en faisait périr. On peut les porter directement aux Enfants-Trouvés ; on les reçoit sans s’informer de rien de la personne qui les apporte, et cette police est très-sage. »

  2. La loterie, supprimée par la loi du 22 brumaire an II (12 novembre 1793), fut rétablie par la loi du 9 vendémiaire an VI (1er octobre 1797). Elle cessa de fonctionner le 1er janvier 1836, en vertu de la loi du 21 avril 1832.
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