Sur le boulevard de l’Hôpital, à côté de la gare du chemin de fer d’Orléans et presque en face du Jardin des Plantes, s’ouvre la grande porte de la Salpêtrière[1]. Dès qu’on la franchit pour pénétrer dans la vaste cour divisée en quatre parterres inégaux et entourée d’arbres, dès que l’on a devant les yeux le désagréable dôme octogone de la chapelle, élevée en 1669, une image s’impose immédiatement à l’esprit. Le visiteur, pour peu qu’il soit lettré, ne songe ni à Pompone de Bellièvre, qui fut le vrai créateur de la maison, ni à la comtesse de Valois-Lamotte, qui y fut amenée en fiacre après la terrible matinée du 21 juin 1786 ; il ne se souvient que de Manon Lescaut. Le peintre a été si habile, que la fiction est devenue plus vivante que la réa-
- ↑ Pendant la durée du siège, une ambulance de 350 lits fut établie à la Salpêtrière, dont le directeur, M. Gobert, mourut victime d’un zèle et d’un dévouement que ni la fatigue, ni l’âge ne purent ralentir. Cela semble de tradition parmi les directeurs de la Salpêtrière : en 1849, M. Hemey s’épuisa et succomba pendant l’épidémie cholérique.