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L’Institution voudrait bien se débarrasser de l’apprentissage professionnel, afin de pouvoir se consacrer exclusivement à l’enseignement scolaire et musical. Ce serait évidemment fort heureux pour elle ; il faudrait lui accorder le droit d’évacuer sur nos rares maisons de province les enfants inhabiles à la musique, et l’autoriser à y prendre les élèves doués de dispositions particulières comme virtuoses ou comme compositeurs. On obtiendrait ainsi, je crois, des résultats importants, et l’institution serait promptement à même de fournir des organistes aux principales églises de France ; c’est là un avantage qui n’est pas à dédaigner. Aujourd’hui les efforts s’éparpillent un peu sur ces petits métiers, qui ne sont qu’un pis-aller stérile ; il serait bon de les concentrer sur cet art multiple et charmant pour lequel la vue n’est point de nécessité rigoureuse. L’Institution deviendrait alors une sorte de conservatoire réservé à une classe particulière d’individus choisis avec discernement ; les autres, que leur médiocrité intellectuelle réduit à l’état d’ouvriers inférieurs, recevraient en province l’apprentissage dont ils ont besoin.

On a dit, dans cet esprit d’opposition quand même que nos administrations ont toujours eu le triste privilège de susciter, que l’Institution des Jeunes-Aveugles ne réussissait guère qu’à produire des mendiants joueurs de clarinette ou d’accordéon. Qu’il soit sorti quelque mauvais drôle de l’Institution, cela n’a rien d’extraordinaire ; nos colléges, nos écoles en produisent, et il ne suffit pas d’être infirme pour devenir impeccable. Je n’ai pas à raconter ici quelle puérile compétition se cache derrière ces assertions trop intéressées pour être sincères, mais je puis dire ce que sont devenus depuis vingt-cinq ans les élèves qui ont traversé l’établissement ; c’est là une pièce qui permet de juger le procès. Du 1er janvier 1848 au 31 décembre 1872, 514 garçons ont

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