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On s’est irrité, dans plus d’un groupe politique, contre cette renaissance de la vie conventuelle, et, comme aux mauvais jours de la Révolution, on a demandé la suppression légale de toute congrégation religieuse. L’existence des couvents ne crée aucun danger public, et en réclamer la destruction, c’est porter atteinte à ce qu’il y a de plus sacré dans la société humaine, à la liberté individuelle. Il y a des âmes que le monde effarouche et qui subissent l’impérieux besoin de s’absorber en Dieu, de se soumettre à une discipline étroite et de prier pour le salut de tous. Erreur ou vérité, peu importe ; le libre arbitre a le droit de s’exercer selon les croyances qui l’ont pénétré. Les voyageurs qui ont vu nos Lazaristes à l’œuvre dans les pays d’Orient, qui savent que leur devise : — apôtres en campagne, chartreux à la maison, — n’est point un vain mot, n’ont pu que garder un profond sentiment de respect pour ces hommes de vaillance et de foi. Ceux-là sont d’une utilité que nul ne contestera ; dans plus d’un cas ils ont été les pionniers de la civilisation et de la science. C’est un ordre d’origine exclusivement française, — j’allais dire parisienne : — il doit sa naissance à saint Vincent de Paul, et représente d’une façon toute particulière l’esprit expansif, charitable et aventureux de notre pays.

Le nombre des religieux qui vivent dans Paris est fort peu élevé : 1 235 ; les religieuses, en revanche, sont en quantité bien plus considérable et l’on peut en compter 4 712. Cela est naturel. La femme est sans défense, elle se jette au cloître pour éviter des périls qu’elle s’exagère ; renonçant à sa fonction organique qui est la maternité, elle se fond dans l’adoration d’un Dieu qu’elle voit sous la forme d’un enfant ; mais, ne pouvant abdiquer les besoins d’amour qui sont sa force, elle se consacre aux souffrants et aux malheureux. On s’en aperçoit lorsque l’on visite les maisons de secours,

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