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maraderie, la tête douloureuse et grosse d’un monde. Enfin, il avait trouvé la peinture, il se voyait rentrant dans son atelier comme on retourne chez une femme adorée, le cœur battant à grands coups, désespéré maintenant de cette absence d’un jour, qui lui semblait un abandon sans fin ; et il allait droit à sa toile, et en une séance il réalisait son rêve. Cependant, tous les vingt pas, à la clarté vacillante des becs de gaz, Bongrand l’arrêtait par un bouton de son paletot, en lui répétant que cette sacrée peinture était un métier du tonnerre de Dieu. Ainsi, lui, Bongrand, avait beau être un malin, il n’y entendait rien encore. À chaque œuvre nouvelle, il débutait, c’était à se casser la tête contre les murs. Le ciel s’éclairait, des maraîchers commençaient à descendre vers les Halles. Et l’un et l’autre continuaient à vaguer, chacun parlant pour lui, très haut, sous les étoiles pâlissantes.

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