moquait maintenant, il gagnait sept ou huit mille francs dans le journalisme, où il faisait son trou comme chroniqueur et comme critique d’art. Les jours tapageurs du Tambour, les articles à un louis, étaient loin ; il se rangeait, collaborait à deux journaux très lus ; et, bien qu’il restât au fond le jouisseur sceptique, l’adorateur du succès quand même, il prenait une importance bourgeoise et commençait à rendre des arrêts. Chaque mois, travaillé de sa ladrerie héréditaire, il plaçait déjà de l’argent dans d’infimes spéculations, connues de lui seul ; car jamais ses vices ne lui avaient moins coûté, il ne payait, les matins de grande largesse, qu’une tasse de chocolat aux femmes dont il était très content.
On arrivait rue de Moscou. Claude demanda :
— Alors, c’est toi qui l’entretiens ; cette petite Bécot ?
— Moi ! cria Jory, révolté. Mais, mon vieux, elle a un loyer de vingt mille francs, elle parle de faire bâtir un hôtel qui en coûtera cinq cent mille… Non, non, je déjeune, et je dîne parfois chez elle, c’est bien assez.
— Et tu couches ?
Il se mit à rire, sans répondre directement.
— Bête ! on couche toujours… Allons, nous y sommes, entre vite.
Mais Claude se débattit encore. Sa femme l’attendait pour déjeuner, il ne pouvait pas. Et il fallut que Jory sonnât, puis le poussât dans le vestibule, en répétant que ce n’était pas une excuse, qu’on allait envoyer le valet de chambre prévenir rue de Douai. Une porte s’ouvrit, ils se trouvèrent devant Irma Bécot, qui s’exclama, lorsqu’elle aperçut le peintre.
— Comment ! c’est vous, sauvage !