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d’un costume de travail spécial, et ce fut en culotte flottante, en robe nouée d’une cordelière, le sommet du crâne coiffé d’une calotte ecclésiastique, qu’il reçut les visiteurs.

Il était venu ouvrir lui-même, sa palette et ses pinceaux à la main.

— Vous voilà ! Ah ! la bonne idée !… Je pensais à vous, mon cher. Oui, je ne sais plus qui m’avait annoncé votre retour, et je me disais que je ne tarderais pas à vous voir.

Sa main libre était allée d’abord à Claude, dans un élan de vive affection. Il serra ensuite celle de Jory, en ajoutant :

— Et vous, jeune pontife, j’ai lu votre dernier article, je vous remercie du mot aimable qui s’y trouvait pour moi… Entrez, entrez donc tous les deux ! Vous ne me dérangez pas, je profite du jour jusqu’à la dernière minute, car on n’a le temps de rien faire, par ces sacrées journées de novembre.

Il s’était remis au travail, debout devant un chevalet où se trouvait une petite toile, deux femmes, la mère et la fille, cousant dans l’embrasure d’une fenêtre ensoleillée. Derrière lui, les jeunes gens regardaient.

— C’est exquis, finit par murmurer Claude.

Bongrand haussa les épaules, sans se retourner.

— Bah ! une petite bêtise. Il faut bien s’occuper, n’est-ce pas ?… J’ai fait ça sur nature, chez des amies, et je nettoie un peu.

— Mais c’est complet, c’est un bijou de vérité et de lumière, reprit Claude qui s’échauffait. Ah ! la simplicité de ça, voyez-vous, la simplicité c’est ce qui me bouleverse, moi !

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