vis, parce que je suis né pour ça ; mais, va, je n’en suis pas plus gai, jamais je ne me contente, et il y a toujours la grande culbute au bout !
Un éclat de voix l’interrompit, et Jory parut, enchanté de l’existence, racontant qu’il venait de retaper une vieille chronique, pour avoir sa soirée libre. Presque aussitôt, Gagnière et Mahoudeau, qui s’étaient rencontrés à la porte, arrivèrent en causant. Le premier, enfoncé depuis quelques mois dans une théorie des couleurs, expliquait à l’autre son procédé.
— Je pose mon ton, continuait-il. Le rouge du drapeau s’éteint et jaunit, parce qu’il se détache sur le bleu du ciel, dont la couleur complémentaire, l’orangé, se combine avec le rouge.
Claude, intéressé, le questionnait déjà, lorsque la bonne apporta un télégramme.
— Bon ! dit Sandoz, c’est Dubuche qui s’excuse, il promet de nous surprendre vers onze heures.
À ce moment, Henriette ouvrit la porte toute grande, et annonça elle-même le dîner. Elle n’avait plus son tablier de cuisinière, elle serrait gaiement, en maîtresse de maison, les mains qui se tendaient. À table ! à table ! il était sept heures et demie, la bouillabaisse n’attendait pas. Jory ayant fait remarquer que Fagerolles lui avait juré qu’il viendrait, on ne voulut rien entendre : il devenait ridicule, Fagerolles, à poser pour le jeune maître, accablé de travaux !
La salle à manger où l’on passa, était si petite, que, voulant y installer le piano, on avait dû percer une sorte d’alcôve, dans un cabinet noir, réservé jusque-là à la vaisselle. Pourtant, les grands jours, on tenait encore une dizaine autour de la table ronde,