dente vie de couleurs. Dans un trou de forêt, aux murs épais de verdure, tombait une ondée de soleil ; seule, à gauche, une allée sombre s’enfonçait, avec une tache de lumière, très loin. Là, sur l’herbe, au milieu des végétations de juin, une femme nue était couchée, un bras sous la tête, enflant la gorge ; et elle souriait, sans regard, les paupières closes, dans la pluie d’or qui la baignait. Au fond, deux autres petites femmes, une brune, une blonde, également nues, luttaient en riant, détachaient, parmi les verts des feuilles, deux adorables notes de chair. Et, comme au premier plan, le peintre avait eu besoin d’une opposition noire, il s’était bonnement satisfait, en y asseyant un monsieur, vêtu d’un simple veston de velours. Ce monsieur tournait le dos, on ne voyait de lui que sa main gauche, sur laquelle il s’appuyait, dans l’herbe.
— Très belle d’indication, la femme ! reprit enfin Sandoz. Mais, sapristi ! tu auras joliment du travail, dans tout ça !
Claude, les yeux allumés sur son œuvre, eut un geste de confiance.
— Bah ! j’ai le temps d’ici au Salon. En six mois, on en abat, de la besogne ! Cette fois, peut-être, je finirai par me prouver que je ne suis pas une brute.
Et il se mit à siffler fortement, ravi sans le dire de l’ébauche qu’il avait faite de la tête de Christine, soulevé par un de ces grands coups d’espoir, d’où il retombait plus rudement dans ses angoisses d’artiste, que la passion de la nature dévorait.
— Allons, pas de flâne ! cria-t-il. Puisque tu es là, commençons.
Sandoz, par amitié, et pour lui éviter les frais d’un modèle, avait offert de lui poser le monsieur du pre-