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jamais, il n’avait soupçonné que son cœur pût se trouver atteint.

Comme il se remettait, Martine monta justement dire que le docteur Ramond était en bas, insistant de nouveau pour être reçu. Et Pascal, cédant peut-être à un inconscient besoin de savoir, s’écria :

— Eh bien ! qu’il monte, puisqu’il s’entête. Ça me fera plaisir.

Les deux hommes s’embrassèrent, et il n’y eut pas d’autre allusion à l’absente, à celle dont le départ avait vidé la maison, qu’une énergique et désolée poignée de main.

— Vous ne savez pas pourquoi je viens ? s’écria tout de suite Ramond. C’est pour une question d’argent… Oui, mon beau-père, monsieur Lévêque, l’avoué que vous connaissez, m’a parlé hier encore des fonds que vous aviez chez le notaire Grandguillot. Et il vous conseille fortement de vous remuer, car des personnes ont réussi, dit-on, à rattraper quelque chose.

— Mais, dit Pascal, je sais que ça s’arrange. Martine a déjà obtenu deux cents francs, je crois.

Ramond parut très étonné.

— Comment, Martine ? sans que vous soyez intervenu… Enfin, voulez-vous autoriser mon beau-père à s’occuper de votre cas ? Il tirera les choses au clair, puisque vous n’avez ni le temps ni le goût de cette besogne.

— Certainement, j’autorise monsieur Lévêque, et dites-lui que je le remercie mille fois.

Puis, cette affaire réglée, le jeune homme ayant remarqué sa pâleur et le questionnant, il répondit avec un sourire :

— Figurez-vous, mon ami, que je viens d’avoir une crise d’angine de poitrine… Oh ! ce n’est pas une imagination, tous les symptômes y étaient… Et, tenez ! puisque vous vous trouvez là, vous allez m’ausculter.

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