singulier résultat que les piqûres faites avec de l’eau pure étaient presque aussi efficaces… Le liquide injecté n’importe donc pas, il n’y a donc là qu’une action simplement mécanique… Tout ce mois dernier, j’ai écrit beaucoup là-dessus. Vous trouverez des notes, des observations curieuses… En somme, j’en serais arrivé à croire uniquement au travail, à mettre la santé dans le fonctionnement équilibré de tous les organes, une sorte de thérapeutique dynamique, si j’ose risquer ce mot.
Il se passionnait peu à peu, il en arrivait à oublier la mort prochaine, pour ne songer qu’à sa curiosité ardente de la vie. Et il ébauchait, d’un trait large, sa théorie dernière. L’homme baignait dans un milieu, la nature, qui irritait perpétuellement par des contacts les terminaisons sensitives des nerfs. De là, la mise en œuvre, non seulement des sens, mais de toutes les surfaces du corps, extérieures et intérieures. Or, c’étaient ces sensations qui en se répercutant dans le cerveau, dans la moelle, dans les centres nerveux, s’y transformaient en tonicité, en mouvements et en idées ; et il avait la conviction que se bien porter consistait dans le train normal de ce travail : recevoir les sensations, les rendre en idées et en mouvements, nourrir la machine humaine par le jeu régulier des organes. Le travail devenait ainsi la grande loi, le régulateur de l’univers vivant. Dès lors, il était nécessaire que, si l’équilibre se rompait, si les excitations venues du dehors cessaient d’être suffisantes, la thérapeutique en créât d’artificielles, de façon à rétablir la tonicité, qui est l’état de santé parfaite. Et il rêvait toute une médication nouvelle : la suggestion, l’autorité toute-puissante du médecin pour les sens ; l’électricité, les frictions, le massage pour la peau et les tendons ; les régimes alimentaires pour l’estomac ; les cures d’air, sur les hauts plateaux, pour les poumons ; enfin, les transfusions, les piqûres d’eau distillée