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L’AMI FRITZ.

— Non, père Christel, non ; asseyez-vous, répondit Fritz. Tiens, Sûzel, voici ta chaise à côté de moi. Prends un de ces verres. — À la santé de ma danseuse ! »

Tous les amis frappèrent sur la table en criant : « Das soll gulden[1] ! »

Et, levant le coude, ils claquèrent de la langue comme une bande de grives à la cueillette des myrtilles.

Sûzel, elle, trempait ses lèvres roses dans la mousse, ses deux grands yeux levés sur Kobus, et disait tout bas :

« Oh ! que c’est bon ! ce n’est pas du vin, c’est bien meilleur ! »

Elle était rouge comme une framboise ; et Fritz, heureux comme un roi, se redressait sur sa chaise. « Hum ! hum ! faisait-il en se rengorgeant, oui, oui, ce n’est pas mauvais. »

Il aurait donné tous les vins de France et d’Allemagne, pour danser encore une fois le treieleins.

Comme les idées d’un homme changent en trois mois !

Christel, assis en face de la fenêtre, son grand chapeau sur la nuque, la face rayonnante, le

  1. Ceci doit compter.
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