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L’ORPHELINE

Vous cherchiez un asile ?

LE CANADIEN

La chose eu la nuit noire était si peu facile.
J’avais depuis cinq jours perdu mon bataillon,
Et la faim et la soif, en traînant le talon,
Embrouillaient mon esprit, si bien qu’à l’aventure
Je dirigeais mes pas, lorsqu’en la nuit obscure
Un rayon de lumière à mon œil ébloui
Apparut comme un astre au fond d’un ciel de nuit.
J’avais en ma fatigue un reste de courage,
Et pas à pas je vins jusqu’à votre ermitage.
Mais n’étant qu’un soldat, en pénétrant ici
J’étais loin de savoir qu’on nous accueille ainsi.

L’ORPHELINE

A tout soldat de France on daigne ouvrir la porte.

LE CANADIEN

Je ne suis pas de France.

L’ORPHELINE

Ah… J’oubliais.

LE CANADIEN

En sorte…

L’ORPHELINE

… Que pour nos alliés c’est le simple devoir
A l’abri qui leur manque, à leur pain de pourvoir.

LE CANADIEN

Même pour l’allié… passant par la fenêtre ?

L’ORPHELINE

C’était le seuil moyen de vous faire connaître !

LE CANADIEN, sur un ton dégagé

Désirez-vous connaitre aussi mon bataillon ?

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