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SABHA-PARVA.

ce Krishna, qui n’a pas obtenu le caractère des rois ? 1358.

» En vain la renommée te proclame le fils du juste[1] ; en vain l’on pense de toi : « C’est le juste en personne ! » Quel juste put jamais adjuger à l’homme, déserteur du juste, un honneur si mal assorti, 1359.

» Au méchant, qui, né dans la race de Vrishni, a tué jadis un roi, le magnanime Djarâsandha ! 1360.

» Aujourd’hui la justice a rompu avec Youddhishthira. En décernant la corbeille à Krishna, il nous montre sa bassesse ! 1361.

» Si les Pândouides sont craintifs, avares, misérables, n’est-ce point là ce que tu fais voir dans cet honneur, que tu décernes à Mâdhava ? 1362.

» Et toi, Djanârdana, pourquoi as-tu permis à ces misérables de te rendre un honneur, dont tu n’étais pas digne ?

» Cet hommage, quoiqu’il ne te sied pas, t’inspire beaucoup d’estime pour toi-même : tel un chien, qui trouve dans un lieu sans témoin une portion échappée du beurre de l’offrande et qui la mange indignement. 1363-1364.

» Mais cet acte de mépris, il échoue contre ces rois tout-puissants : les enfants de Kourou se moquent de toi évidemment, Djanârdana. 1365.

» L’honneur, qu’ils te rendent, comme à un roi, à toi, qui n’est pas roi, c’est le présent d’une femme à un eunuque ; c’est le spectacle de la beauté offert à un aveugle !

» On voit Youddhisthira roi, on voit Bhîshma tel qu’un roi, on voit Krishna même sans gloire : tout cela n’est que la vérité ! » 1366-1367.

À ces mots, Çiçoupâla se lève du siège royal, où il était

  1. Dhanna, un des noms d’Yama, le Pluton indien.
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