< Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 2.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
ADI-PARVA.

» Sauve-toi, homme vertueux, et pour nous, et pour le devoir, et pour ta race : abandonne-moi, puisqu’il t’est permis de m’abandonner. 6195.

» Ne laisse pas échapper ce moment pour l’exécution d’une chose qui doit nécessairement se faire. Toi une fois entré dans le Swarga, il nous faudrait, à nous infortunés, courir sans cesse à la ronde, sollicitant notre nourriture de la charité des autres, ce qui est la plus grande des souffrances ; mais, si je puis te mettre hors de peine et te sauver de cette infortune avec tes parents, moi, alors, comme une Immortelle dans le monde, je verrai le bonheur suivre mes pas ! 6196-6197.

« Grâce au sacrifice de ma vie, l’onde offerte par toi satisfera, comme il nous fut enseigné, les Dieux et les Mânes. » 6198.

Après qu’ils l’eurent ouï exhaler ces lamentations et d’autres encore de mainte sorte, continua le narrateur, le père, la mère et la jeune fille elle-même de pleurer tous les trois. 6199.

Alors ce petit garçon, les voyant tous fondre en larmes, dit avec une voix à peine articulée et ses yeux tout grands ouverts : 6200.

« Ne pleure pas, mon père I ni toi, mère ! ni toi, sœur I » En parlant ainsi, il s’en allait souriant vers tous, passant de l’un à l’autre. 6201.

Puis, ayant pris une touffe de gazon, il ajouta hardiment : « Cela me suffit pour tuer le Rakshasa anthropophage ! » 6202.

À ces mots de l’enfant, une grande joie naquit au sein des trois éplorés, tout enveloppés qu’ils fussent par la douleur. 6203.

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.