< Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
VOYAGE EN FAMILLE.

écrit sur le troisième pilier en entrant, le deuxième

avant d’arriver à celui du prisonnier ; il est gravé dans le roc, de travers, une barre dessus dans toute la longueur comme si on avait voulu l’effacer. Il est écrit en noir : est-ce déjà le temps ? ou de l’encre mise pour faire revivre les lettres ? Au milieu de tous les noms obscurs qui égratignent et encombrent la pierre, il reluit seul en trait de feu. J’ai plus pensé à Byron qu’au prisonnier. Au-dessous du nom la pierre est un peu mangée, comme si la main énorme qui s’est appuyée longtemps l’avait usée. J’ai rêvé à cette main s’appliquant à creuser cinq lettres. Quand je suis entré là, que j’ai vu le nom de Byron et que j’ai tâché de penser à ce qu’il y avait peiné, ou plutôt rien qu’à la vue du nom, j’ai été pris d’une joie exquise ; j’ai mis la main sur mon cœur et je l’ai senti battre plus fort que l’instant d’auparavant ; c’est ensuite que j’ai été au pilier du captif. — Victor Hugo en moulé, au crayon ; G. Sand gravé au couteau, sur le pilier qui vient après celui de Byron, celui du frère ; sur le même, plus haut, du côté de la muraille en roc brut, Mme Pauline Viardot née Garcia, parfaitement lisible. — À l’étage supérieur, petit arsenal, vue du lac. Les montagnes s’y reflétaient, les endroits où il y avait de la neige faisaient l’effet dans ce miroir de flambeaux blancs placés sur les pics, ils tiraient dans l’ombre de longs sillons lumineux. — Jolie maison de campagne en vue du lac, rond de gazon, enfants en costumes d’été jouant sous les arbres.

Clarence. — À peu près à la sortie du pays j’ai fait arrêter la voiture, je suis descendu et je suis entré dans une petite cour plantée et couverte

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.