soulevée au bout de son bras, et, sans lui répondre, elle regardait du côté d’Hamilcar.
— C’est par ici, n’est-ce pas ? dit-elle.
— Que t’importe ! Détourne-toi ! Va-t’en ! Écrase plutôt ta face contre la terre ! C’est un lieu saint que ta vue souillerait.
Elle jeta le zaïmph autour de sa taille, ramassa vivement ses voiles, son manteau, son écharpe.
— J’y cours ! s’écria-t-elle.
Et, s’échappant, Salammbô disparut.
D’abord, elle marcha dans les ténèbres sans rencontrer personne, car tous se portaient vers l’incendie ; et la clameur redoublait, de grandes flammes empourpraient le ciel par-derrière ; une longue terrasse l’arrêta.
Elle tourna sur elle-même, de droite et de gauche au hasard, cherchant une échelle, une corde, une pierre, quelque chose enfin pour l’aider. Elle avait peur de Giscon, et il lui semblait que des cris et des pas la poursuivaient. Le jour commençait à blanchir. Elle aperçut un sentier dans l’épaisseur du retranchement. Elle prit avec ses dents le bas de sa robe qui la gênait, et, en trois bonds, elle se trouva sur la plate-forme.
Un cri sonore éclata sous elle, dans l’ombre, le même qu’elle avait entendu au bas de l’escalier des galères ; et, en se penchant, elle reconnut l’homme de Schahabarim avec ses chevaux accouplés.
Il avait erré toute la nuit entre les deux retranchements ; puis, inquiété par l’incendie, il était revenu en arrière, tâchant d’apercevoir ce qui se passait dans le camp de Mâtho ; et, comme il savait que cette place était la plus voisine de