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menait dans le temple de Tanit, où les prêtresses étaient chargées jusqu’au jour solennel de les amuser et de les nourrir.

Ils arrivèrent chez Hamilcar tout à coup et, le trouvant dans ses jardins :

— Barca ! nous venons pour la chose que tu sais… ton fils !

Ils ajoutèrent que des gens l’avaient rencontré un soir de l’autre lune, au milieu des Mappales, conduit par un vieillard.

Il fut d’abord comme suffoqué. Mais bien vite comprenant que toute dénégation serait vaine, Hamilcar s’inclina : et il les introduisit dans la maison de commerce. Des esclaves accourus d’un signe en surveillaient les alentours.

Il entra dans la chambre de Salammbô tout éperdu.

Il saisit d’une main Hannibal, arracha de l’autre la ganse d’un vêtement qui traînait, attacha ses pieds, ses mains, en passa l’extrémité dans la bouche pour lui faire un bâillon et il le cacha sous le lit de peaux de bœuf, en laissant retomber jusqu’à terre une large draperie.

Ensuite il se promena de droite et de gauche ; il levait les bras, il tournait sur lui-même, il se mordait les lèvres. Puis il resta les prunelles fixes et haletant comme s’il allait mourir.

Mais il frappa trois fois dans ses mains. Giddenem parut.

— Ecoute ! dit-il, tu vas prendre parmi les esclaves un enfant mâle de huit à neuf ans avec les cheveux noirs et le front bombé ! Amène-le ! hâte-toi ! »

Bientôt, Giddenem rentra, en présentant un jeune garçon.

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