Ne croyez pas non plus qu’il fît un grand cas de ce pauvre petit cul-nud d’amour ; il lui plume les ailes impitoyablement, il lui ôte sa trousse, son brandon, ses flèches de plomb et d’or, et tout son attirail suranné.
Cette divinité, des dieux même adorée,
Ces traits d’or et de plomb, cette trousse dorée,
Ces ailes, ces brandons, ces carquois, ces appas,
Sont vraiment un mystère, où je ne pense pas.
La sotte antiquité nous a laissé des fables
Qu’un homme de bon sens ne croit point recevables,
Et jamais mon esprit ne trouvera bien sain
Celui-là qui se paît d’un fantôme si vain,
Qui se laisse emporter à de confus mensonges,
Et vient, même en veillant, s’embarrasser de songes.
Si Alfred de Musset demandait à notre poète dans le magnifique début de Rolla :
Regrettez-vous le temps où le ciel sur la terre
Palpitait et marchait dans un peuple de dieux,
Où Vénus Astarté, fille de l’onde amère,
Secouait, vierge encor, les larmes de sa mère,
Et fécondait le monde en tordant ses cheveux.
répondrait fièrement, et sans aucun soupir, pour toutes
ces blondes chimères à jamais envolées :
Autrefois les mortels parloient avec les dieux,
On en voyoit pleuvoir à toute heure des cieux.
Quelquefois on a vu prophétiser les bestes ;
Les arbres de Dodone étoient aussi prophestes.
Ces contes sont fascheux à des esprits hardis
Qui tentent autrement qu’on ne faisoit jadis.
Sur ce propos un jour j’espère bien d’écrire.