En fait toujours sortir de l’écume et de l’eau.
— L’on voit douze tritons soutenir la machine,
Qui semblent regarder cette nymphe marine,
Et qui, par une conque élancent haut en l’air
Mille et mille filets d’un crystal pur et clair.
Ces tritons sont cousins germains de ceux de Versailles ; ils doivent tous avoir été fondus par les frères Anguier ou les Keller ; — la nymphe est probablement de Coysevox ou de Girardon. Le style est le même, et l’on ne sait pas si le poète décrit d’après l’œuvre du sculpteur, ou si le sculpteur réalise en marbre ou en bronze la description imaginaire du poète.
On connaît le vers de Boileau :
Ce ne sont que festons, ce ne sont qu’astragales.
N’en déplaise à Boileau : il y a beaucoup de verve et d’imagination dans la description du palais enchanté ; l’architecture y est d’une richesse merveilleuse, et ce sont des entassements de colonnes, de dômes d’une hauteur prodigieuse, de galeries à perte de vue, de treillis dorés, de jets d’eau s’élançant jusqu’au ciel, de grands escaliers de marbre ; des balustres un peu ventrus, mais d’un bon style et d’une grande tournure ; des cabinets rustiques et autres ; des vases et des statues ; des charmilles taillées de mille façons ; des groupes de statues. — Un Versailles féerique que n’eussent désavoué ni Levau, ni Hardouin-Mansart, ni Le Nostre. — Cette façade me paraît digne de quelque architecte que ce soit. Le Bramante et Le Bernin ne seraient ni plus féconds ni plus riches.
Mais du grand bâtiment la façade royale
Efface tout le reste et n’a rien qui l’égale ;