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dans un champ au milieu d’un troupeau de cochons, et demandant pardon de ses fautes au Tout-Puissant, qui sont des perles de sentiment et de couleur.

La Purisima Concepcion, le Saint Augustin, archevêque d’Hippone, la Vierge enfant prenant une leçon de sa mère Anne, l’Éliézer et Rébecca, et bien d’autres encore attestent le génie et l’inépuisable fécondité de l’artiste, qui a couvert des arpents de toiles et laissé sur toutes, même sur les plus négligées, des traces de son inspiration, toujours fidèle ; l’Espagne les compte par milliers : il n’est pas d’église, de palais, de cloître, d’hôpital, de galerie, qui n’ait son Murillo ; tous ne sont pas de lui sans doute ; mais, pour quelques-uns de faux, il y en a beaucoup de vrais.

Le nouveau monde ne doit pas être moins riche en productions de ce peintre, car il a commencé par travailler pour les marchands de tableaux de sainteté, qui envoyaient des cargaisons de sujets pieux aux grandes Indes ; les églises de Cuba, de la Havane et du Mexique doivent renfermer plus d’un chef-d’œuvre inconnu ; car, dans ces images payées à la toise, le jeune maître, pauvre, ignoré, méprisé de tous comme un barbouilleur, a dû mettre quelques-unes de ses plus fraîches inspirations.

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