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Séville qu’il faut voir Murillo ; la cathédrale et l’hôpital de la Charité renferment ses plus divins chefs-d’œuvre : l’Ange emmenant un jeune enfant en paradis, le Saint François d’Assise recevant le petit Jésus dans ses bras ; le Moïse frappant le rocher, composition gigantesque ; la Multiplication des pains et des poissons, le Saint Jean de Dieu dont nous avons parlé tout à l’heure, sans compter une infinité de Madone et d’Enfant Jésus, thème inépuisable que Murillo rajeunit toujours par quelque effet heureux, par quelque invention naïve et charmante.

Quant à Ribera, le premier tableau de lui qu’on rencontre dans la galerie le caractérise tout de suite : c’est un Martyre de saint Barthélemy ; le saint est aux mains des tourmenteurs ; ses nerfs sont tendus à rompre sur le chevalet, et les bourreaux l’entourent, le couteau dans les dents, prêts à commencer leur horrible besogne, dont l’artiste féroce ne nous épargnera aucun détail. — Il est difficile de se faire l’idée d’un pareil acharnement. Jamais Dioclétien, ni les plus farouches proconsuls n’ont trouvé supplices si ingénieusement cruels et d’une horreur si variée. — Avec quel plaisir ce terrible peintre élargit les lèvres des blessures, fait figer le sang en caillots de pourpre, et

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